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    L'Amérique enterre George Floyd, érigé en martyr des violences policières et racistes

    09 juin 2020 21:30

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    "C'est l'heure de célébrer sa vie", a lancé la pasteure Mia Wright dans l'église bondée Fountain of Praise en ouvrant la cérémonie funèbre. "Nous allons peut-être pleurer, faire notre deuil, mais nous allons trouver du réconfort et de l'espoir".

    Les proches de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans tué par un policier blanc il y a quinze jours à Minneapolis, dans le nord du pays, se sont étreints devant son cercueil ouvert, tandis qu'un groupe de gospel entamait des chants enlevés.

    Le silence s'était en revanche imposé à l'arrivée du cercueil, pour lequel des policiers ont formé une haie d'honneur.

    Les forces de l'ordre sont au banc des accusés depuis sa mort, le 25 mai, dans des circonstances qui continuent de glacer l'Amérique: plaqué au sol, menotté, George Floyd a été asphyxié par l'agent Derek Chauvin, qui est resté agenouillé sur son cou pendant près de neuf minutes.

    Une vidéo de la scène, devenue virale, a poussé les Américains à descendre par milliers dans les rues pour exiger la fin des brutalités policières et des discriminations raciales, lors de manifestations d'une ampleur inédite depuis le mouvement des droits civiques des années 1960.

    De l'Europe à l'Australie, le mouvement de colère a gagné plusieurs continents. "Le racisme n'est pas qu'un problème américain, mais mondial", a souligné l'avocat de sa famille, Benjamin Crump. "C'est tous ensemble que nous le vaincrons", avait-il lancé lundi à l'issue du dernier hommage public à George Floyd.

    Plus de 6.000 personnes avaient défilé toute la journée devant son cercueil exposé dans l'église, pour une prière ou lui dire un dernier mot, le poing levé.

    Impact

    Mardi, la cérémonie était réservée à 500 invités, des proches, quelques personnalités comme l'acteur Jamie Foxx ou le boxeur Floyd Mayweather, ainsi que des élus, tous priés de porter un masque en raison du nouveau coronavirus.

    "Nous voulons que la famille sache qu'elle n'est pas seule", a déclaré le parlementaire démocrate Al Green à son arrivée, en espérant que le mouvement de colère ait "un impact" durable.

    George Floyd doit ensuite être enterré aux côtés de sa mère Larcenia, décédée en 2018, dont il avait le surnom "Cissy" tatoué sur la poitrine. Lors de son calvaire, il avait supplié le policier Derek Chauvin de le relâcher en implorant "maman".

    Devenu le visage des brutalités policières, l'agent de 44 ans a comparu lundi pour la première fois devant la justice par vidéo. Lors de l'audience, la juge a fixé à un million de dollars le montant de sa caution libératoire, assortie de certaines conditions.

    Il avait fallu attendre quatre jours pour qu'il soit arrêté et inculpé, dans un premier temps d'homicide involontaire. Ses trois collègues impliqués dans le drame n'avaient alors pas été inquiétés.

    Cette clémence apparente de la justice avait attisé la colère et, le dernier week-end de mai, les manifestations avaient dégénéré en violences, avec des affrontements et des pillages nocturnes dans plusieurs villes du pays.

    Réformes

    Des couvre-feux et le déploiement de soldats de la Garde nationale ont peu à peu ramené le calme.

    En parallèle, le chef d'inculpation retenu contre Derek Chauvin a été requalifié de "meurtre", un crime passible de 40 ans de prison, et ses trois collègues ont été arrêtés et inculpés pour complicité.

    Mais les manifestations se poursuivent: des dizaines de milliers de personnes, noires et blanches, ont encore défilé dans le calme ce week-end en réclamant des réformes de fond des forces de l'ordre.

    Leurs appels ont été entendus par le conseil municipal de Minneapolis, qui a l'intention de démanteler la police municipale pour tout remettre à plat. Au Congrès, près de 200 élus, en majorité démocrate, ont présenté un texte de loi pour mettre un terme à la large immunité dont bénéficient les agents de police.

    Le président Donald Trump continue lui de privilégier un discours de fermeté. "Nous n'allons pas couper les fonds de la police, nous n'allons pas démanteler la police", a déclaré lundi le milliardaire républicain.

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