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    Schumacher

    Schumacher : un traitement en question

    11 sept. 2019 21:30

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    L’ex-champion de Formule 1 est suivi par le professeur Philippe Ménasché, pionnier de la thérapie cellulaire. Une prise en charge qui interroge sur les soins qui lui sont prodigués.

    Que se passe-t-il derrière les hauts murs de l'hôpital européen Georges-Pompidou à Paris? Après nos révélations sur l'admission de l'ancien champion de Formule 1, Michael Schumacher, l'établissement de pointe s'est transformé en bunker. Aucune information ne filtre. Depuis son grave accident de ski survenu en 2013 à Méribel, sa famille garde secret son état de santé réel. Selon nos informations, il est à Paris depuis lundi pour suivre un protocole médical secret.

    À l'hôpital ce mardi, pas d'agitation particulière, si ce n'est la présence d'une poignée de caméras de télévision cantonnées à la grille extérieure. Au premier étage du bâtiment D, seule la présence d'agents de sécurité trahit celle de l'ex-champion de Formule 1. Les soins dont il fait l'objet sont dans toutes les conversations des personnels soignants. « Mais oui, il est dans mon service, glisse à une collègue une jeune femme en poste en cardiologie. Et je peux t'assurer qu'il est conscient. » Un témoignage qui ne lève évidemment pas le voile sur l'état de santé exact du pilote.

    Un peu plus loin : « T'as vu les infos, glisse un interne des urgences à un collègue. Il est bien là! ». À 17h15, Jean Todt est venu rendre visite à Michael Schumacher pendant 45 minutes, avant de repartir discrètement de l'hôpital. L'ancien patron de l'écurie Ferrari durant les années où Schumacher a dominé la Formule 1 est resté très proche de la famille. Triste coïncidence, à quelques kilomètres de Paris, le monde de la Formule 1 est réuni pour un autre événement dramatique : les obsèques à Chartres du jeune pilote Anthoine Hubert, tué à 22 ans lors d'une violente collision sur la course de Formule 2 de Spa-Francorchamps en Belgique le 30 août dernier.

    Un pionnier de la thérapie cellulaire

    Parmi la foule, les anciennes gloires Alain Prost et Jean Alési, mais aussi Mick Schumacher. Le fils du champion allemand avait l'habitude de croiser les pneus sur les circuits avec Anthoine Hubert. Entouré de membres de la sécurité, il n'a pas souhaité s'exprimer sur la situation de son père. Tout comme Jean Todt, présent lui aussi à Chartres avant de rendre visite à Michael Schumacher.

    Derrière l'hospitalisation de « Schumi », il y a un médecin dont le nom, peu connu du grand public, est renommé dans le domaine médical. Et pour cause, le professeur Philippe Ménasché, 69 ans, est un pionnier de la thérapie cellulaire. Ce ponte, qui officie au sein du service de chirurgie cardiovasculaire de l'Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP) a d'abord conçu et réalisé sur l'homme, en 2000, les premières greffes de cellules souches musculaires, en les prélevant sur un malade atteint d'infarctus du myocarde puis en les réinjectant dans son propre cœur afin de le réparer.

    Les cellules souches sont les cellules originelles des organismes vivants animaux et humains. Elles participent au renouvellement des tissus, en étant capable de se renouveler indéfiniment et ainsi de réparer les tissus et organes endommagés (muscle, os, neurone, etc.). On en trouve partout dans l'organisme, dans la peau, le foie, le sang, les muscles, etc. ou chez l'embryon. « Les cellules souches ont toujours été son dada », rapporte un de ses anciens collègues.

    Une première dans le plus grand secret

    Mais le point d'orgue de la carrière de Ménasché a abouti en octobre 2014. En collaboration avec des spécialistes de l'hôpital Saint-Louis, autre établissement de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, il a réalisé – dans le plus grand secret, déjà - la première implantation de cellules cardiaques dérivées de cellules souches embryonnaires humaines. Sa patiente, une femme de 68 ans, atteinte d'insuffisance cardiaque sévère a reçu les cellules grâce à un patch, mis au contact du cœur. Cinq autres personnes ont fait l'objet du même protocole au cours d'un essai clinique, interrompu depuis, qui a permis de démontrer la sécurité de cette thérapie innovante mais une efficacité hypothétique.

    Ces essais ont surtout permis de comprendre par quel mécanisme les cellules greffées avaient un effet positif, réparateur. C'est essentiellement lié aux produits qu'elles secrètent. Ces produits réduisent le processus de fibrose et l'inflammation qui nuisent au bon fonctionnement de l'organe malade, et ils stimulent la création de nouveaux vaisseaux propices à la croissance de tissus sains.

    Ces découvertes ont incité le professeur Ménasché et ses partenaires à passer à une autre étape, mais toujours au niveau cardiaque : plutôt que de greffer des cellules au prix d'une lourde opération obligeant à pénétrer dans la cage thoracique, il conçoit d'injecter par voie intra-veineuse un cocktail des sécrétions thérapeutiques préparées en laboratoire à partir de cellules cardiaques ultra-jeunes, elles-mêmes issues de cellules souches spéciales. Il teste actuellement cette nouvelle voie à l'échelon cellulaire et sur des modèles animaux.

    Les essais pour régénérer le système nerveux ont échoué

    Un essai clinique chez des personnes est envisagé d'ici à quelques années. Philippe Ménasché ne collabore pas avec des spécialistes d'autres organes. Mais stimulées par ces recherches dynamiques, d'autres équipes dans le monde se sont lancées dans des travaux expérimentaux portant sur l'administration par voie vasculaire de cellules souches dans le cerveau, le foie, le rein, l'œil.

    Quel type de traitement reçoit Michael Schumacher ? Du côté de la communauté scientifique, la prudence reste de mise. « La première chose que je me suis dit en entendant la nouvelle est : qu'est-ce qu'ils peuvent bien lui faire ? », réagit un éminent chercheur qui rappelle « aucun traitement par cellules souches n'est aujourd'hui efficace pour régénérer le système nerveux ». Les essais, en cours, depuis une trentaine d'années, se sont pour l'instant soldés par des échecs. « Si quelque chose aboutissait, reprend-il. Ce serait une première. »

    Source : lemonde.fr

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