Radio One Logo
  • Noël : Quels sont les plus beaux films pour enfants ?

    Noël

    Noël : Quels sont les plus beaux films pour enfants ?

    23 déc. 2018 15:30

    232 vues

    1) Mary Poppins de Robert Stevenson (1964)

    Alors que sort en salle la suite (ratée) des aventures de la plus belle nounou de l’histoire du cinéma, c’est le moment idéal pour se replonger dans le film original de Robert Stevenson. S’il est devenu l’objet culte que l’on connait, le film aux cinq oscars (dont un pour Julie Andrews alors débutante) aurait très bien pu ne pas naître. Il aura fallu vingt ans à Walt Disney pour convaincre Pamela L. Travers, écrivaine britannique et créatrice de la célèbre gouvernante, de le laisser s’emparer de son roman. Resserré autour du quotidien bourgeois (ce qui ne l’empêche pas d’être cocasse) de la famille Banks, d’un père autoritaire et banquier, d’une mère engagée chez les Suffragettes et de deux adorables têtes blondes, Mary Poppins est un film sur la croyance dans l’imaginaire et sur la capacité des rêves à transcender le réel, quitte à brouiller la frontière ténue entre les deux. S’il reste aussi prégnant dans nos esprits, c’est que le film aura imprimé en nous une certaine idée de l’enfance : un refrain imprononçable("Supercalifragilisticexpialidocious"), une ballade en chevaux de bois, des pingouins danseurs et bien évidemment un escalier que l’on monte avec la plus belle originalité du monde. 

    2) Peau d’âne de Jacques Demy (1970) 

    Un âne aux (très précieux) excréments ; un roi très vite consolé par le décès de son épouse et voulant épouser sa fille ; une fée venue d’un autre temps citant Cocteau ; des chevaux et cavaliers bleus et des rouges ; une rose bien bavarde et un perroquet mélomane ; un château fort et un hélicoptère… Si le conte de Charles Perrault était déjà bien chargé en incongruités, son adaptation par Jacques Demy - tout juste revenu du Los Angeles Flower Power – n’a fait qu’accentuer l’improbabilité d’une telle histoire. Perrault lui- même avertissait "Le conte est difficile à croire ; Mais tant que dans le monde on aura des enfants; Des mères et des mères-grands ; On en gardera la mémoire". Mais c’est aussi parce qu’elle est traitée par Jacques Demy avec sérieux, humour et naïveté que l’on accepte, sans réserve, cette histoire - et c’est peut-être là, toute la force sublime du cinéma de Demy que de croire avec la même conviction que celle des enfants aux histoires incongrues. Psychédélique et romantique, conte incestueux Peau d’âne est aussi "mystérieux, très profond, beaucoup moins pour les enfants que l’on pourrait le croire."

    3) Le roi et l'oiseau de Paul Grimault (1980)

    Revoir Le roi et l’oiseau aujourd’hui c’est regoûter à une madeleine. C’est aussi mesurer, d’un regard neuf, la part anxiogène du film, son âpreté voir son hostilité, sa portée politique, philosophique et sa triste mélancolie renforcée par le refrain de Joseph Kosma. Ambitionné comme le premier long métrage d’animation française mené par les studios Gémeaux, le film réalisé par Paul Grimault sur des textes de Prévert et adapté de La Bergère et le Ramoneur de Hans Christian Andersen connaîtra moult aventures et deux versions. Une première désavouée par ses auteurs en 1953 puis une seconde, celle que l’on connait, remise en chantier par Grimault, qui vaudra au film le Prix Louis-Delluc en 1980, lors de sa sortie. Mais alors que voir dans ce drôle de film ? Dans cet univers mêlant archaïsme et nouvelles technologies où un oiseau veuf au large chapeau et ses oisillons, un roi détestable et son double et une petite bergère et son amoureux de ramoneur se courent après dans cet étrange royaume, plus tour d’ivoire carcérale que château fort ? Le portrait grossi de régimes fascistes et de leurs abominables dirigeants, une fable antispéciste, un conte surréaliste bercé par la langue taquine de Prévert  ("Le roi de Takicardie alias Charles V+III=VIII+VIII=XVI" ; "Ministère  de la guerre et des hostilités") ? Peut- être un peu tout cela.

    4) E.T l’extraterrestre de Steven Spielberg (1982)

    Que l’on est 50, 30 ou 15 ans, E.T l’extraterrestre reste et restera pour beaucoup, l’une des plus grandes déchirures de l’enfance. Déchirure parce que le film faisait ressentir, dans un mélange de douceur et de violence, la douleur d’une séparation (entre un père et son enfant, entre deux amis) mais surtout parce qu’il nous faisait goûter, probablement pour la première fois, à l’insupportable et persistant sentiment d’injustice et de rejet, catalysé ici autour de la figure de ce petit extraterrestre égaré. Un précieux traumatisme en somme, sous forme de rite initiatique, mais pas seulement. E.T c’était et c’est aussi une source d’imaginaire intarissable pour les plus jeunes (les frères Duffer s’en souviendront) rêvant désormais d’Amérique, de BMX et de sweat à capuche rouge. Pour les autres, l’ayant déjà vu et revu, ce sera aussi un film sur un père absent, sur le besoin de constituer sa propre famille, de trouver dans sa maison non pas seulement un toit mais un chez soi, à l’abri du monde stigmatisant et hostile des adultes. 

    5) Maman j’ai raté l’avion de Chris Columbus (1990) 

    Qui n’a jamais rêvé de vivre, ne serait-ce qu’une poignée d’heures, la vie de Kevin McCallister, ce petit américain de 8 ans, oublié la veille de Noël par ses parents débordés ? S’empiffrer de glaces devant la télé, dévaler les escaliers en luge ou s’organiser un tir de carabine dans la maison familiale. Film culte d’une génération, Maman j’ai raté l’avion est le fantasme absolu de l'inconscient enfantin, celui qui permettrait de faire de la vie un immense terrain de jeu. Fabriqué par deux rois du teen-movie, John Hugues à la production et Chris Columbus à la réalisation, le film révélera Macaulay Culkin, petite star éternelle malgré lui. 

    6) Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki (1999)

    Existe-t-il des mondes plus désirables que ceux imaginés par Hayao Miyazaki ? Pour les enfants que nous avons été, la réponse est définitivement non. Car tout dans le cinéma du maître de l’animation japonaise sent bon l’enfance, ses escapades en forêt, ses jeux infinis, ses lits douillets et ses festins de roi… On ne compte plus le nombre de fois où, comme la mamie Sophie du Château Ambulant, on rêvait d’ouvrir la porte d’une étrange bâtisse pour se retrouver plongé dans le monde parfois inquiétant mais tellement désirable de Miyazaki. Au milieu de ces précieux et réconfortants totems, Mon Voisin Totoro trône tout en haut. Il est probablement le film de Miyazaki le plus doux et apaisé mais aussi celui qui restitue avec le plus de sensations la quiétude de l’enfance et la joie associée à ses jeux. Ode à l’imaginaire, Mon Voisin Totoro est le film de la douceur, celui dans lequel  l’homme vit en parfaite osmose avec une nature vivante, gardée par de gentils matous volants aux ventres bien ronds. 

    7) Monstres & Cie de Pete Docter et David Silverman (2002)

    Pour le grand félin aux dents aiguisés Jacques Sullivan et son acolyte de cyclope vert Bob Razowski, tout va pour le mieux du monde. Dans la ville colorée de Monstropolis, les compères sont de véritables petites stars. Employés de Monstres & Cie, la plus grande usine de traitement de cris d’enfants, Sully et Bob en sont les plus précieux éléments. Au classement des plus redoutables "Terreurs d’élites" de la boîte, le grand monstre aux tâches bleues est premier. Mais ce quotidien bien rodé est vite perturbé par l’arrivée inattendue d’une petite fille du nom de Bouh, semant la pagaille dans l’univers pas si monstrueux de Monstropolis. A la fois drôle et bouleversant, détournant aussi bien les codes du film d’épouvante que ceux de la franche comédie, Monstres & Cie est bien évidemment un film sur les peurs de l’enfance mais aussi et surtout une réflexion sur l’ignorance, origine de bien des maux dont la peur, la méfiance, la défiance à l’égard de l’autre.

    8) Ernest et Célestine de Benjamin Renner, Stéphane Aubier, Vincent Patar (2012)

    Dans le royaume des rongeurs où les dents constituent les biens les plus précieux, les petites souris sont toutes destinées à devenir dentistes. Au- dessus de cette petite société secrète, la vie des grands méchants ours s’organise. Deux mondes qui l’un comme l’autre, nourris d’histoires sanglantes ou sordides les concernant, se détestent sans vraiment savoir pourquoi. Alors quand la petite Célestine, qui se rêve dessinatrice et l’imposant Ernest, musicien et vagabond sans le sou, décident de s’installer ensemble, rien ne va plus. Inspiré de la série de livres éponymes de Gabrielle Vincent, le film, césar du meilleur film d’animation en 2013, est d’une grâce et d’une maîtrise infinie. Il enchante et bouleverse tant pour son graphisme épuré et ses couleurs pastels que pour le tendre dessin de ses personnages rebelles et son ode à la différence. 

    9) Vice Versa de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen (2015)

    Pour incarner à l’écran les peurs enfantines les plus primaires, les studios Pixar ont souvent eu recours à de vaillants interprètes, prêts à tout pour porter sur leurs fines (ou larges) épaules les questionnements liés au plus jeune âge. Ce sont par exemple les petits jouets de Toy Story tenaillés par la peur de l’abandon ou les grands monstres de Monstres & Cie terrifiés devant l’inconnu que représente une pourtant adorable petite fille à couettes… Mais à qui les enfants en train de grandir peuvent-ils se fier quand de nouvelles interrogations éclosent dans leur tête. Et bien, tout simplement à leurs émotions. Il fallait bien les studios Pixar pour imager pareille histoire. Joie, Peur, Dégoût, Colère, Tristesse… Chacune a son nom, sa silhouette, sa couleur et se démène pour tempérer (ou aggraver) le comportement de e Riley. Dans l’esprit de la fillette de onze ans, les choses ne cessent de bouger et de muter, surtout depuis qu’elle a emménagé dans une nouvelle ville où elle ne connaît personne. Génialement caustique, Vice Versa est aussi un film d’une profonde mélancolie sur l’enfance, sur le poids et la puissance des souvenirs et la nécessité parfois, aussi douloureuse soit elle, de s’en détacher pour que germent des territoires nouveaux prêts à être explorés.

    10) Ma vie de Courgette de Claude Barras (2016) 

    Icare n’a rien d’une courgette, mais c’est comme ça qu’il aime se faire appeler. S’il chérit tant ce surnom ce n’est évidemment pas pour son goût pour les légumes mais parce qu’il lui a été donné par sa mère, récemment disparue et "qui buvait beaucoup de bière mais faisait de la bonne purée". Orphelin, il est emmené dans un endroit avec d’autres enfants comme lui pour poursuivre, comme il le peut, sa vie de petit garçon de neuf ans. Derrière l’apparente naïveté d’un univers en carton-pâte inoffensif, Ma vie de Courgette, réalisé par Claude Barras sur un scénario de Céline Sciamma, trace le bouleversant et difficile récit d’apprentissage d’un enfant aux cheveux bleus. Délicat et parfois cruel, drôle et tendre, le film vagabonde entre plusieurs "grands" thèmes que sont le deuil, l’intégration au groupe ou encore la rencontre amoureuse avec la même apaisante légèreté qu’un cerf-volant flottant dans les airs.

    Source : www.lesinrocks.com

Laissez-nous vos commentaires

© 2016 - 2024 Radio ONE - Conçu par Tryangle

  • equalizer
  • ECOUTER
    LE DIRECT