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    Cinéma et Musique

    Woodstock, un grand n’importe quoi devenu mythique

    18 août 2019 15:30

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    Véritable événement de la contre-culture, le festival continue de fasciner à travers les générations. Pourtant, tout ne s’est pas passé comme prévu. Et c’est finalement peut-être ça qui rend ce festival si fascinant.

    «Trois jours de paix et d’amour.» Telle était la promesse des organisateurs Michael Lang, Artie Kornfeld, John Roberts et Joel Rosenman, quatre jeunes et talentueux businessmen de la musique, en organisant le festival de Woodstock. La réalité fut tout autre. Le festival s’est au final déroulé dans la commune de Bethel, dans l’État de New York, à une centaine de kilomètres de Woodstock, en raison d’une pétition lancée par les habitants de la ville, refusant de voir débarquer des milliers de personnes sur leurs terres.

    Une programmation exceptionnelle malgré des absents

    C’est finalement le fermier Max Yasgur qui va accepter de louer son terrain du 15 au 18 août, moyennant 50.000 dollars (l’équivalent de 350.000 dollars actuels, une grosse somme, donc). Dans cet amphithéâtre géant, se sont produits une pléiade d’artistes légendaires: Janis Joplin, Jimi Hendrix, Joe Cocker, The Who, Carlos Santana ou encore Sly and the Family Stone. En 1969, l’industrie musicale n’est pas aussi puissante qu’aujourd’hui. Jimi Hendrix fut le mieux payé avec un cachet de 18.000 dollars. Loin devant Joe Cocker et ses 1375 dollars ou encore le méconnu - à l’époque - Carlos Santana qui ne perçut que 750 dollars.

    Parmi les grands absents, les Rolling Stones. À l’époque, la musique du groupe anglais est jugée trop violente par les organisateurs. John Lennon n’en fut pas non plus, interdit de sol américain pour ses prises de position pacifistes. Les Doors déclinèrent quant à eux l’invitation: Jim Morrison, alors en plein procès après un concert désastreux à Miami et en pleine crise de paranoïa, est convaincu qu’il sera agressé et tué sur scène.

    Mais c’est principalement l’absence de Bob Dylan qui fut remarquée. Dans le premier tome de ses Mémoires, publié en 2015, le «pape de la contre-culture» avouera que l’invasion régulière de hippies dans sa maison l’aurait dégoûté au point de refuser de se produire sur scène. Un regret pour les organisateurs qui voyaient en Woodstock un hommage à son travail.

    Joe Cocker a livré une performance de haute volée à Woodstock

    Parmi les 32 artistes qui se sont relayés sur scène, plusieurs prestations restent gravées dans les mémoires. C’est le cas de l’interprétation du morceau des Beatles With a Little Help From My Friends par Joe Cocker. L’artiste, durant huit minutes, paraît complètement habité par le morceau. Une performance qui reste dans l’imaginaire collectif comme représentative de l’événement. Tout comme la reprise de l’hymne américain The Star-Spangled Banner par Jimi Hendrix. Le guitariste proposa un arrangement pour le moins original et engagé, utilisant sa guitare pour reproduire le son des bombardements des avions américains au Vietnam. Un sujet par ailleurs très présent durant le festival.

    Organisation chaotique

    Près de 500.000 personnes ont pu profiter de cette programmation exceptionnelle. Un chiffre largement sous-estimé par les organisateurs au moment des préparatifs. Ils en attendaient dix fois moins. Au vu de la foule massée devant les clôtures d’entrée, les organisateurs décidèrent finalement de laisser entrer tout le monde, même sans l’achat préalable de ticket.

    «S’il vous reste quelque chose à manger, le gars à votre droite est votre frère et la fille à votre gauche votre sœur, alors partagez en toute fraternité»

    Cela n’a pas été sans conséquences. De sérieux manques sanitaires et alimentaires sont vite apparus. Il a alors fallu se serrer les coudes pour que chacun puisse s’alimenter correctement. Janis Joplin lança aux spectateurs lors de son passage sur scène: «S’il vous reste quelque chose à manger, le gars à votre droite est votre frère et la fille à votre gauche votre sœur, alors partagez en toute fraternité».

    Les organisateurs ont même décidé de faire appel à l’armée. Plusieurs hélicoptères survoleront la zone, larguant des caisses pleines de sandwichs. Affamés, les festivaliers ont aussi dû braver la météo capricieuse durant les trois jours. La pluie battante, qui transforma le champ en vaste étendue de boue, éreintera de nombreux participants qui décideront d’écourter leur présence. Trois spectateurs trouveront la mort: deux par overdose, une autre après avoir été écrasé par un tracteur. Plus heureux, il y eut aussi deux naissances. La légende veut que les garçons s’appellent Bob et Dylan!

    Au total, Woodstock aura coûté plus de 2,4 millions de dollars. Et malgré l’afflux de spectateurs, les organisateurs durent, une fois le festival terminé, revendre les droits à la Warner pour régler leurs dettes. Une fin qui ne gâche en rien un événement devenu mythique. Au point qu’en 2017 le site de 323 hectares a été inscrit dans le registre national des lieux historiques.

    Source : Alexandre LOC'H  

     

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