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    Internationale

    Au Mexique, huit surveillants suspectés d’« homicides », après la mort de 39 migrants dans un centre de détention

    30 mars 2023 23:00

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    « Aucun des fonctionnaires ni aucun des policiers de sécurité privée n’ont agi pour ouvrir la porte aux migrants », a annoncé la procureure Sara Irene Herrerias Guerra. Le président Andres Manuel Lopez Obrador appelle à la transparence.

    Une enquête a été ouverte pour « homicides » au Mexique, où huit personnes ont été identifiées comme responsables présumées de la mort de 39 migrants dans un centre de détention d’un institut fédéral situé à Ciudad Juarez, aux portes des Etats-Unis, ont annoncé mercredi 29 mars les autorités mexicaines.

    « Aucun des fonctionnaires ni aucun des policiers de sécurité privée n’ont agi pour ouvrir la porte aux migrants qui se trouvaient à l’intérieur, alors qu’il y avait le feu », a déclaré la procureure spécialisée en matière de droits de l’homme, Sara Irene Herrerias Guerra, dans une conférence de presse au lendemain des faits.

    Huit responsables présumés ont été identifiés, a ajouté la secrétaire de la sécurité publique, Rosa Icela Rodriguez. Trois agents de l’Institut national de migration (INM) et cinq agents d’une entreprise de sécurité, « sont déjà en train d’être entendus » par le parquet, a repris la procureure. « Le délit pour lequel le dossier [d’enquête] a été ouvert est le délit d’homicide », a-t-elle précisé, mentionnant également le délit de « blessure » et « dommage à la propriété d’autrui ». Des poursuites pour d’autres délits comme « abus d’autorité » ou « mauvais traitement » sont envisagées, selon elle.

    La procureure a confirmé l’authenticité d’une vidéo de trente-deux secondes diffusée par plusieurs médias, dont l’Agence France-Presse (AFP). « Cette vidéo fait partie du dossier d’enquête », a-t-elle déclaré. Ces images de vidéosurveillance montrent le début de l’incendie dans la nuit de lundi à mardi. Derrière les barreaux, dans la fumée, un homme donne des coups de pied contre une porte fermée tandis qu’un autre semble déposer un matelas à terre.

    Au premier plan, de l’autre côté de la cellule, trois agents dont deux en uniforme se retirent en leur tournant le dos, sans leur prêter assistance. Cette vidéo avait provoqué des réactions scandalisées de la société civile. « Comment est-il possible que les autorités mexicaines aient laissé des êtres humains enfermés sans possibilité d’échapper à l’incendie ? », s’est interrogée Erika Guevara Rosas, la directrice d’Amnesty International pour les Amériques, dans un communiqué. « Gouvernement, assume tes responsabilités », pouvait-on lire sur une banderole tendue par une manifestante à l’occasion d’un rassemblement mercredi à Mexico.

    « Nous n’allons rien cacher et il ne va pas y avoir d’impunité »

    Lors de la conférence de presse, la secrétaire de sécurité a revu le bilan à la hausse de 38 à 39 décès. Elle a également fait état de 27 blessés, dont six dans un état « extrêmement grave », dix dans un état grave, et neuf dans une situation « délicate ».

    Les autorités n’ont toujours pas donné le détail de la nationalité des victimes, mentionnant leur pays d’origine, principalement d’Amérique centrale (Guatemala, El Salvador, Honduras et Venezuela). Le Guatemala a affirmé dès mardi que 28 de ses ressortissants étaient morts. Le Salvador a parlé de quatre blessés graves, en demandant que les responsables de la tragédie soient traduits en justice.

    « Nous n’allons rien cacher et il ne va pas y avoir d’impunité », a assuré le président Andres Manuel Lopez Obrador. Dans un premier temps, le chef d’Etat avait estimé que les migrants avaient allumé l’incendie avec des matelas dans un mouvement de « protestation ».

    « Nous supposons qu’ils ont appris qu’ils allaient être expulsés, déplacés », avait-il déclaré mardi quelques heures après l’incendie.

    Ruée à la frontière et fausse rumeur

    « Plus de 1 000 migrants » ont tenté de passer mercredi la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis mercredi, ont fait savoir les gardes-frontières américains, précisant qu’ils allaient être expulsés. Les migrants ont traversé à pied la frontière entre les deux pays en partant de Ciudad Juarez (nord du Mexique), a constaté une équipe de l’AFP côté mexicain.

    Ils se sont ensuite livrés aux gardes-frontières américains qui vont les « expulser », a déclaré Anthony Good, un responsable des patrouilles frontalières pour El Paso, la ville jumelle de Juarez au Texas, sur Twitter.

    Le consulat des Etats-Unis à Ciudad Juarez a démenti des « rumeurs sur l’ouverture de la frontière après la tragédie de Ciudad Juarez », qui sont « complètement fausses ».

    « La frontière est fermée à l’immigration irrégulière ! », a publié le consulat américain sur Twitter dans un message en espagnol intitulé « Ne te laisse pas abuser ». Une rumeur avait circulé parmi les migrants indiquant que les Etats-Unis étaient prêts à en recevoir certains pour des raisons humanitaires, avait constaté la correspondante de l’AFP à Ciudad Juarez.

    La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a vaguement évoqué « une assistance médicale ici aux Etats-Unis » pour les « blessés », à la suite de contacts avec des « officiels mexicains sur le terrain ».

    (Source lemonde.fr)

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