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Internationale
Climat : l’Arctique fond bien plus vite que prévu et son déclin est irréversible
08 juin 2023 23:00
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Banquise d’été. L’expression est belle, mais elle ne se conjuguera bientôt plus qu’au passé. Selon un nouveau rapport de scientifiques publié dans Nature, l’Arctique pourrait être privé de glace de mer en été dès la décennie 2030. Et il est trop tard pour inverser la tendance.
« Les résultats indiquent que le premier mois de septembre sans glace de mer interviendra dès les années 2030-2050, quels que soient les scénarios d’émissions », déplorent ces scientifiques basés en Corée, au Canada et en Allemagne. Septembre étant le mois durant lequel la glace atteint habituellement son minimum annuel.
« C’est environ une décennie plus tôt que les récentes projections du Giec », le groupe d’experts du climat mandaté par l’ONU, souligne Seung-Ki Min, des universités sud-coréennes de Pohang et Yonsei, co-auteur de l’article.
Les émissions de gaz à effet de serre en cause
Pour arriver à ce résultat, les scientifiques se sont basés sur des données d’observation des années 1979–2019. Aussi, ils estiment que le déclin de cette glace peut être attribué essentiellement aux émissions de gaz à effet de serre, les autres facteurs (aérosols, activité solaire et volcanique…) étant bien moins importants.
Seulement, ils estiment que même si les émissions de gaz à effet de serre sont fortement réduites, ce scénario est inéluctable et aura des conséquences dévastatrices. En effet, cette glace joue un rôle très important en été, en renvoyant les rayons du soleil, ce qui permet de rafraîchir l’Arctique. Ce miroir est aujourd’hui de plus en plus petit, et l’Arctique se réchauffe donc beaucoup plus vite que d’autres régions.
Surtout, la disparition de la glace « accélérera le réchauffement arctique, ce qui peut augmenter les événements météorologiques extrêmes aux latitudes moyennes, comme les canicules et les feux de forêts », remarque Seung-Ki Min.
« Ce sera le premier composant majeur de notre système climatique que nous perdons à cause de nos émissions de gaz à effet de serre », souligne Dirk Notz, de l’université de Hambourg, un autre co-auteur de l’étude.
Il poursuit : « l’impact le plus important pour la société humaine sera l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes que nous connaissons actuellement, tels que les vagues de chaleur, les incendies de forêt et les inondations. »
Ne pas renoncer
« Les scientifiques ont alerté sur cette disparition pendant des décennies et c’est triste de voir que ces mises en garde n’ont pour l’essentiel pas été écoutées », regrette Dirk Notz.
Il espère maintenant que les décideurs politiques prêteront attention aux conclusions des chercheurs « pour qu’on puisse au moins protéger les autres composants de notre système climatique, en limitant le réchauffement futur autant que possible ».
Aussi, les scientifiques appellent à « réduire les émissions de CO2 de manière plus ambitieuse et nous préparer à nous adapter à ce réchauffement arctique plus rapide et à ses impacts sur la société humaine et les écosystèmes ».
(Source parismatch.com)