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    Iran : affrontements et incendie au cœur d’une prison de Téhéran connue pour détenir des prisonniers politiques

    16 oct. 2022 22:00

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    Le bilan annoncé par les autorités est de huit blessés, après des troubles dans la prison d’Evin, à la sinistre réputation. Ces incidents surviennent alors que les manifestations à l’échelle nationale entament leur cinquième semaine.

    Des affrontements ont éclaté, et un incendie s’est déclaré, samedi 15 octobre, dans la prison iranienne d’Evin, à Téhéran, où sont détenus des prisonniers politiques et des militants antigouvernementaux.

    Des images partagées sur les réseaux sociaux ont montré, dans la soirée, d’immenses flammes et une épaisse fumée se dégager de l’enceinte située dans le nord-ouest de la capitale iranienne. Des vidéos en ligne et des médias locaux ont également fait état de coups de feu.

     « Les voyous ont mis le feu à un entrepôt de vêtements à l’intérieur de la prison d’Evin, ce qui a provoqué un incendie », a expliqué, à l’agence de presse officielle IRNA, un haut responsable de la sécurité, qui affirme que des heurts ont opposé des « émeutiers » à des employés de l’établissement carcéral. « En ce moment, la situation est complètement sous contrôle, et le calme est revenu dans la prison », a-t-il ajouté.

    Monnaie d’échange

    Le site Internet du ministère de la justice iranien, Mizan Online, précise, de son côté, que l’incendie a éclaté « à la suite d’un conflit entre plusieurs détenus ayant été condamnés pour des infractions financières et des vols ». Le feu « est maintenant maîtrisé », a affirmé un pompier sur place à l’agence IRNA, précisant que « huit personnes [avaie]nt été blessées dans ce sinistre qui n’a[vait] fait aucun mort ».

    La prison d’Evin est réputée pour les mauvais traitements infligés aux prisonniers politiques. Des centaines de personnes arrêtées lors du mouvement de contestation qui secoue actuellement le pays y auraient été envoyées. L’établissement détient également des étrangers ou des binationaux comme l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah et l’Américain Siamak Namazi, qui a été réincarcéré cette semaine après une libération temporaire, selon sa famille.

    L’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, qui a été détenue à Evin pendant l’essentiel de ses 800 jours d’emprisonnement en Iran, a déclaré que des proches de prisonnières politiques s’y trouvant lui avaient assuré que « toutes les femmes au sein du quartier des prisonnières politiques d’Evin [étaie]nt en sécurité et indemnes ».

    « L’Iran est pleinement responsable de la sûreté de nos citoyens détenus à tort, qui doivent être libérés immédiatement », a tweeté Ned Price, porte-parole de la diplomatie des Etats-Unis, ajoutant que Washington suivait le développement de l’incident « avec urgence ».

    Le célèbre réalisateur iranien Jafar Panahi, lauréat de plusieurs prix internationaux, et le politicien réformiste Mostafa Tajzadeh se trouveraient eux aussi dans cet établissement pénitentiaire.

    « Mort au dictateur ! »

    Une manifestation a éclaté dans la rue peu de temps après les incidents dans la prison d’Evin, de nombreuses personnes scandant « Mort au dictateur !  » – une référence au Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Des vidéos ont montré des pneus en feu, et des témoins ont déclaré que la police avait bloqué les voies d’accès menant à la prison, et qu’au moins trois fortes explosions avaient été entendues en provenance de la zone. La circulation était dense le long des principales autoroutes près de l’établissement, et de nombreux automobilistes ont klaxonné pour montrer leur solidarité avec les manifestants.
    Des personnes ont par ailleurs rapporté qu’Internet était bloqué dans la région.

    Le procureur de Téhéran, Ali Salehi, a déclaré que la « paix » était revenue dans la prison, et que les troubles n’étaient pas liés aux manifestations qui balaient le pays depuis quatre semaines, après la mort, le 16 septembre, d’une Kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, arrêtée trois jours plus tôt par les forces de l’ordre. La jeune femme était accusée d’avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique, prévoyant notamment le port du voile pour les femmes.

    Le mouvement s’étend

    Les mobilisations antirégime ont continué tout au long de la journée, samedi, dans plusieurs villes d’Iran. Les manifestants ont scandé « A bas le dictateur ! » dans les rues d’Ardabil, dans le nord-ouest du pays. A l’extérieur des universités de Kermanshah et de Rasht (Nord-Ouest), les étudiants se sont rassemblés, d’après des vidéos publiées sur les réseaux sociaux. A Sanandaj, haut lieu des manifestations dans la région du nord du Kurdistan, des étudiantes ont scandé « Femme, vie, liberté ».

    « Les mollahs doivent déguerpir ! », scandaient aussi des femmes sans hijab au Collège technique et professionnel Shariati de Téhéran, dans une vidéo largement partagée en ligne.

    La colère politique et sociale a grandi dans le pays après la mort de Mahsa Amini, incitant les filles et les femmes à retirer leur foulard obligatoire dans la rue en signe de solidarité. D’autres segments de la société, y compris les travailleurs du pétrole, ont rejoint le mouvement. Des commerçants se sont mis en grève à Saghez, la ville natale de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan, et à Mahabad (Nord), selon le média en ligne 1500tasvir. Des émeutes ont également éclaté dans certaines prisons, avec des affrontements signalés récemment entre détenus et gardiens de l’établissement de Lakan.

    (Source lemonde.fr)

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