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Internationale
Un traité mondial contraignant se négocie à Paris contre les déchets plastiques
27 mai 2023 22:00
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Les initiatives éparses, régionales ou nationales, ne sont pas efficaces contre la pollution plastique. Des négociations ont lieu à Paris du 29 mai au 2 juin, pour jeter les bases d’un accord mondial avec un outil juridique contraignant.
Que donnent les initiatives contre la pollution plastique ? Rien ou presque. Dix ans après l’expédition choc du 7e continent , en juin 2013, la première mission d’exploration française du vortex de déchets du Pacifique nord, de nombreuses mesures ont été prises en France et dans le monde.
La loi française a ainsi banni les sacs plastiques en caisse dans les commerces, en juillet 2016. Pour quels résultats ? Aucun, sur la consommation annuelle de plastique. Elle était de 67,70 kg par Français en 2015, elle a grimpé à 70 kg en 2022. Un Américain moyen fait pire : 221 kg.
Le monde produit toujours davantage de plastiques : 234 millions de tonnes en 2000, contre 460 en 2019, selon un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de février 2022. Pour un fast-food qui passe au plastique durable, il y en a dix qui ouvrent pour vendre du thé glacé avec des billes dans des gobelets jetables, sans aucun contrôle, malgré les lois. On en recycle trop peu : 9 % des déchets seulement dans le monde, malgré de bons élèves comme l’Union européenne qui se distingue en recyclant plus du tiers.
Pourquoi la lutte actuelle ne fonctionne pas ?
Elle est trop régionale, ou nationale, toujours selon l’OCDE. Ainsi, même si l’Europe collecte mieux ses plastiques en fin de vie, son littoral reste notamment exposé aux marées de billes de plastique, matière première issue du pétrole pour les transformateurs. Les côtes de l’Atlantique et de la Manche en ont été souillées cet hiver. Seul un ensemble de mesures mondiales permettrait de réunir les conditions pour réduire les rejets : 22 millions de tonnes pour l’année 2019 encore. 85 % des déchets récoltés en mer contiennent des plastiques.
Ces mesures doivent couvrir tout le cycle de vie du plastique, de la conception au recyclage , estime Montserrat Filella, chercheuse de l’université de Genève et membre de la Coalition des scientifiques contre la pollution plastique. Mes recherches montrent qu’une solution passe par une réduction de la complexité des produits chimiques dans le plastique et l’assurance de la transparence de la composition de ces plastiques. Pétrole plus chimie, c’est le duo infernal qui, en un demi-siècle, a complètement envahi la biosphère, sous forme de microparticules et en quantités phénoménales.
Un traité contraignant est-il la solution ?
C’est l’idée du futur traité mondial négocié depuis la résolution adoptée par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, en mars 2022. Sa mise en œuvre est en discussions à Paris sous l’égide de l’Unesco, du 29 mai au 2 juin. Un comité de négociation intergouvernemental a été créé pour élaborer un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans l’environnement marin. L’ambition onusienne est d’obtenir un accord sur ce traité avant la fin 2024.
Que comprennent les négociations en cours ?
Il s’agit de chiffrer la réduction de l’offre globale des plastiques, d’interdire certains polymères ou plastiques problématiques ou non nécessaires, d’établir des critères et des standards d’écoconception pour les producteurs, des cibles sur le réemploi des plastiques, la collecte et le recyclage.
La réussite de ce traité mondial dépendra de la vigueur des textes sur la responsabilité élargie des producteurs de plastique et autres emballeurs. En tant que pays hôte de cette deuxième session de négociations, la France, avec l’Union européenne et ses États membres, espère qu’elle permettra de réaliser des progrès substantiels ; nous défendons une approche ambitieuse , a déclaré Hugo Lequertier, conseiller pour la France du Comité intergouvernemental de négociations.
Le 16 avril, les pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada) se sont engagés à réduire à zéro leur pollution plastique d’ici à 2040. Sans ce traité mondial, les déchets plastiques produits au niveau planétaire devraient presque tripler d’ici à 2060, estime l’OCDE dans un rapport de 2022.
(Source ouest-France.fr)