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    Allô la Lune ? Ici l'Inde, répondez !

    11 sept. 2019 23:00

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    L'Agence spatiale indienne a perdu le contact avec sa sonde spatiale juste avant son alunissage vendredi soir, ne pouvant confirmer ni la réussite ni l'échec de la mission Chandrayaan-2. L'engin a été localisé au pôle sud de la Lune, mais ne répond pas aux appels.

     Allô la Lune ? Ici l'Inde, répondez !

    L’Inde devait devenir le quatrième pays au monde à savoir atterrir en douceur sur la Lune (après la Russie, les Etats-Unis et la Chine). Le 22 juillet, elle a envoyé dans l’espace une sonde nommée Chandrayaan-2 et piloté son voyage vers l’astre de la nuit pendant six semaines. Tout s’est déroulé à la perfection… jusqu’à l’alunissage, qui était prévu vendredi soir. Brutalement, Chandrayaan-2 a cessé de donner de ses nouvelles. L’engin spatial s’est-il crashé sur la Lune ? A-t-il atterri comme prévu mais avec un problème de communication l’empêchant de confirmer son arrivée à bon port ? Depuis quatre jours, les scientifiques indiens travaillent d’arrache-pied à comprendre ce qui s’est passé.

    Vendredi : alunissage imminent

    Un peu plus de six semaines après son décollage, la sonde Chandrayaan-2 est enfin arrivée à proximité de la Lune. Au lieu de foncer sur sa cible directement comme l’ont fait les astronautes d’Apollo 11 en 1969, une solution rapide mais qui nécessite une fusée très puissante (et donc très chère), l’Agence spatiale indienne (Isro) a choisi une trajectoire sophistiquée mais économe. Chandrayaan-2 s’est d’abord mis en orbite autour de la Terre, puis a progressivement gagné de l’altitude avant de basculer sur une orbite lunaire et de rétrécir à nouveau ses orbites jusqu’à l’atterrissage. Son principal carburant a donc été la force de gravitation…

    Vendredi soir, l’Inde tout entière suivait – à la télé, sur Internet – le moment crucial de l’alunissage. La sonde Chandrayaan-2 s’est, comme prévu, séparée en deux parties. L’une a commencé sa descente vers le pôle sud de la Lune : c’est l’atterrisseur, nommé Vikram. L’autre partie a continué à tourner autour de la Lune : c’est ce qu’on appelle l’orbiteur.

    Bande dessinée de l'agence spatiale indienne illustrant la séparation de l'orbiteur et de l'atterrisseur de la mission Chandrayaan-2, début septembre 2019.Bande dessinée de l’Agence spatiale indienne illustrant la séparation de l’orbiteur et de l’atterrisseur de la mission Chandrayaan-2, début septembre 2019. Image Isro

    La trajectoire de Vikram était parfaite au début de sa descente. Puis il a commencé à dévier légèrement… et douze minutes après, il a cessé d’envoyer des informations à la Terre. D’une seconde à l’autre, les opérateurs en salle de contrôle n’ont plus reçu de «télémétrie» qui arrivait en temps réel – les données sur son altitude, sa vitesse de descente etc.

    Le scénario rappelle furieusement la mission israélienne Beresheet. Elle aussi devait alunir, en avril, et elle aussi a brutalement cessé d’émettre au dernier moment. Il s’est avéré que la sonde s’était crashée sur la Lune. Un échec pour Israël.

    Du côté indien, tout s’est effondré. On a vu le patron de l’Agence spatiale indienne (l’Isro), Kailasavadivoo Sivan, pleurer dans les bras du Premier ministre, Narendra Modi.

    Samedi : la fierté malgré tout

    L’équipe de la mission Chandrayaan-2 fouille dans les dernières données envoyées par Vikram pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. La dernière fois qu’il a donné de ses nouvelles, il était à 2 kilomètres de la surface. «L’atterrisseur Vikram a suivi la trajectoire de descente de son orbite à 35 kilomètres jusqu’à 2 kilomètres de la surface. Tous les systèmes et capteurs de l’atterrisseur ont fonctionné à la perfection jusqu’à ce moment et ont validé de nombreuses nouvelles technologies, comme la propulsion à poussée variable, écrit l’Isro. 90 à 95 % des objectifs de la mission ont été atteints et contribueront à la science lunaire.»

    Pendant ce temps, les Indiens se consolent en relativisant la fin décevante de la mission : même si l’atterrisseur s’est crashé, le voyage jusqu’à la Lune s’est bien passé et l’orbiteur se porte comme un charme. Et puis, après tout, il a fallu une dizaine d’essais avant que l’Union soviétique réussisse à faire alunir une sonde (Luna 9) en 1966. Plus de cinquante ans ont passé, mais l’Inde est une nouvelle puissance et n’en est qu’à son premier essai réel d’alunissage. Une première mission Chandrayaan-1, lancée en 2008, s’était contentée d’envoyer un impacteur se crasher sur la surface lunaire pour s’entraîner à viser un site d’atterrissage.

    Sur Twitter, les Indiens envoient leurs encouragements et leurs félicitations à l’Agence spatiale indienne pour ce qu’ils choisissent de retenir comme une réussite partielle, avec le mot-clé #ProudOfIsro («fiers de l’Isro»). «Nous sommes extrêmement heureux. Cela booste le moral de nos troupes», remercie Kailasavadivoo Sivan, le patron de l’agence, après cet élan populaire de soutien et un discours encourageant du Premier ministre.

    Dimanche : on a retrouvé Vikram

    Tout n’est pas perdu ! Dimanche, India Today révèle que l’Isro a réussi à localiser Vikram sur la Lune. L’orbiteur de Chandrayaan-2, qui se porte très bien pour sa part, a pris des photos du site d’atterrissage avec sa caméra thermique. L’atterrisseur apparaît sur l’une d’entre elles, mais on ne sait pas pour autant s’il est en bon état.

    Lundi : est-il encore en vie ?

    Puis une autre photo arrive, prise cette fois par un appareil photo haute résolution. Aucune de ces images n’a filtré publiquement pour l’instant, mais des rumeurs circulent, lancées par des personnes ayant vu les photos, et très (trop) vite relayées par la presse. Il paraît que l’atterrisseur est intact (il faut comprendre que sur la photo, il n’a pas l’air d’avoir éclaté en mille morceaux), et qu’il est posé à l’envers, à 500 mètres du point d’alunissage initialement prévu. Mais l’Isro refuse de confirmer les rumeurs, et attend d’en savoir plus avant de donner des nouvelles officielles du pauvre Vikram.

    Ce qui est sûr, c’est que l’équipe de la mission tente actuellement d’envoyer des messages à l’atterrisseur et de le faire répondre, mais sans succès pour l’instant. Les essais vont durer pendant deux semaines.

    Source : liberation.fr/Camille Gévaudan

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